Les fermes urbaines

Nous entendons parler de fermes urbaines, mais en quoi cela consiste-t-il ? Quelles sont les différences entre ces fermes et celles de l’agriculture rurale « classique » ?

La production intra-urbaine ou péri-urbaine d’une métropole ou ville, qui consiste à cultiver, élever, et distribuer une gamme étendue de produits alimentaires, s’effectue dans une zone urbaine dans le but de fournir des ressources matérielles, produits et services à ce centre urbain. Voici un tour d’horizon de l’apparition de fermes urbaines.

Les descendants des maraîchers d’antan

Les fermes urbaines actuelles s’inspirent des exploitations agricoles des marais du centre de Paris du XVIIIe siècle. Le mot « maraîchage » est originaire de ces activités. Les techniques agricoles mises au point par ces grands initiateurs s’avèrent encore utilisées de nos jours.

Par exemple, ils se servaient de cloches en verre et de châssis pour cultiver plus tôt en saison. Ils utilisaient également des « boues urbaines » (du fumier de cheval) ? une matière abondante en ville ? pour nourrir leurs cultures.

Les descendants des maraîchers du XXVIIIe siècle sont multiples :

  • FERMES PÉRIURBAINES : En raison de l’hygiénisation et densification urbaines, elles se retrouvent souvent repoussées à l’extérieur des villes. Ces fermes alimentent les citadins grâce à l’élevage de petits animaux et le maraîchage. L’agriculture à proximité des villes connaît un regain d’intérêt depuis une quinzaine d’années, en raison de la consolidation de circuits locaux courts. C’est notamment le cas des cultures maraîchères Lyonnaises.
  • FERMES PÉDAGOGIQUES : Certaines exploitations se spécialisent dans une mission pédagogique, l’événementiel culturel ou le pastoralisme urbain.
  • FERMES SITUÉES DANS DES PARCS : Les plus proches descendants des maraîchers d’antan gèrent des fermes implantées dans des parcs, écoles ou anciennes terres agricoles, dont la superficie s’étend de quelques centaines de mètres carrés à 1-2 hectares.
  • LOCATION DE PARCELLES : Les citadins louent des parcelles de terrain d’environ 150+ mètres carrés, à la périphérie des villes, dans l’espoir d’atteindre l’autonomie alimentaire, en cultivant sur de plus grands espaces que leur balcon.

Le développement de fermes sur les toitures

Cultiver sur les toits remonte aux Égyptiens du XIIIe au XVIe siècle : ils entretenaient des végétaux sur leurs terrasses et toits.

Depuis les années 1980, nous assistons à un intérêt grandissant pour les toitures végétalisées. Du fait de leur localisation sur la toiture, ces surfaces ont des besoins spécifiques, et s’avèrent moins étendues que celles au sol.

Les potagers en toiture sont entrevus de nos jours en tant que solution face aux sols pollués et problématiques d’accès au foncier. Un nombre croissant de villes anticipent leur développement, étant donné que de plus en plus de citadins sont préoccupés par les changements climatiques, et cherchent à mieux contrôler la qualité de ce qui se trouve dans leur assiette.

Le développement des murs végétalisés

Faut d’espace, les citadins redoublent d’imagination et d’ingéniosité pour optimiser la superficie dont ils disposent. Cela a donné lieu au développement de la tendance aux murs végétalisés.

Tout d’abord, cela a débuté par des murs à visée décorative, qui se sont multipliés entre 1990 et 2000 dans les musées, grands magasins et hôpitaux. De nos jours, les murs végétalisés sont utilisés pour le maraîchage, de même que par les fermes événementielles sur des toitures.

Les balcons intègrent de plus en plus de murs végétalisés. Cultiver en ville ne semble plus avoir de limite. Les citadins une panoplie d’objets. Par exemple, ils recyclent des bouteilles d’eau qu’ils fixent au mur en y insérant des plants, ou encore de veilles palettes de bois qu’ils adossent aux murs extérieurs.

Le recours aux serres

Les nobles ont peaufiné la production sous serre, qui s’est développée au XIXe siècle, notamment avec les serres d’Auteuil et le Jardin des plantes.

De nos jours, les citadins se dotent de mini serres, alors que ce mode de culture s’avère très utilisé en agriculture.

Le principe a été étendu à d’autres formes de production, comme l’aquaponie, qui combine l’élevage de poissons aux techniques de production maraîchère.

La culture des champignons et autres « produits de cave »

Les champignonnières et la production d’endives, désignés en tant que « produits de cave » s’est largement diversifiée. Par exemple, les micro-pousses, et les systèmes de production valorisant des déchets organiques tels le marc de café. Des citadins font pousser des champignons sur des bûches de bois.

Dans cette famille, notons la culture « high tech » développée dans la recherche spatiale. En France, cela donne lieu à l’apparition de fermes urbaines mobiles, qui permettent de recoloniser des parking inutilisés et certains espaces.

L’explosion de jardins du dimanche

Les jardins privés se développement rapidement. Nous assistons à une véritable révolution ! Les citadins s’emparent de balcons, terrasses, et même de l’espace public, pour y concocter des potagers qui peuvent s’avérer très productifs.

Il s’agit d’une expérience hybride, combinant les jardins familiaux avec les jardins partagés. À la dimension productive s’ajoute une dimension sociale, une expérience pédagogique, et une volonté de prendre soin de sa santé physique et mentale.

Les jardins « libre-service »

Dans les années 1970, les Guerrilla Gardening américains se sont donné pour mission de reconquérir le béton par la végétation. Cette démarche revendicative inspire de plus en plus de mouvements internationaux à mettre en oeuvre une production de végétaux dans des espaces publics, afin que chacun en profite. Par exemple, cela donne lieu à la plantation d’arbres fruitiers dans des parcs publics, écoles, devantures de HLM, etc. Ces initiatives sont appelées à se développer au cours des prochaines années.